• CTA du 5 novembre 2014 : bilan de rentrée

    Déclaration du SNUEP-FSU

    Madame le Recteur,

    La rentrée 2015 se place dans la continuité : aucune ambition pour l’enseignement professionnel public sous statut scolaire mais promotion et développement de l’apprentissage au menu.

     Le gouvernement continue à promouvoir, à grands coups de campagnes médiatiques et d'avantages financiers aux entreprises, un système de formation discriminatoire, plus onéreux et qui ne permet pas aux jeunes d'obtenir une formation initiale de base solide pour pouvoir progresser plus tard dans leur vie professionnelle.

    C'est la conjoncture économique qui pousse les jeunes et les familles, attirés par la rémunération, vers l'apprentissage, Or, c'est cette même conjoncture économique qui explique en partie la baisse des signatures des contrats d'apprentissage. À cela s’ajoute le redécoupage en trois ans du bac professionnel, qui n’incite pas les entreprises à embaucher des apprentis pour des raisons financières évidentes. On voit bien là les limites du système qui sert uniquement à répondre aux besoins des entreprises et qui crée de la frustration et de l'échec chez les jeunes et du découragement et de l’incompréhension chez les enseignants.

     Il serait grand temps de ne plus considérer les jeunes comme une variable d’ajustement permettant aux entreprises de passer des caps difficiles dans la tempête économique mais de se doter d’un véritable projet éducatif en vue d’élever le niveau de qualification de tous les jeunes.

    Ce projet ne peut être conçu que par l’Éducation Nationale, chacun son métier ! Que les entreprises produisent, c’est leur raison d’être ! L’Éducation Nationale se chargera de la formation.

    Malgré cette promotion, les jeunes choisissent la voie professionnelle initiale publique sous statut scolaire. Les LP de notre académie voient leurs effectifs augmenter de 1,1 %. Le taux de remplissage des lycées professionnel est de 96,9 %.

    La réforme de la voie professionnelle avec la perte d'une année et le passage du bac pro en 3 ans a été une très mauvaise chose pour les conditions d’étude des élèves et de travail des personnels ; aucun bilan de cette réforme, à notre connaissance, n’a été fait et nous le déplorons.

    Tout se passe comme nous l'avions malheureusement prévu et dénoncé. Les chiffres et les indicateurs présentés dans le bilan de rentrée le confirment.

    On pousse les élèves issus de 3éme à entrer en seconde générale et technologique (+1,2 pt), c'est un record académique ! Dans le même temps, on constate une baisse de 0,3 pt des passages de 3ème en 2nde bac pro et CAP avec pour corollaire l’augmentation des passages de la 2nde GT à la 1ère bac pro. Cela prouve bien que des élèves ont été orientés par défaut et qu'ils se réorientent dans la voie professionnelle après un nouvel échec. Comment alors s’étonner que le décrochage et la démotivation des élèves soient en augmentation ?

    Autre indicateur inquiétant : l'augmentation du taux de sortie post 2nde bac pro avec la perte de 239 élèves entre la seconde et la 1ère.

    Il est également constaté une augmentation des redoublements en 2nde pro et en 1ère bac pro. Les élèves finissent en réalité par obtenir le bac pro en 4 ans, durée nécessaire pour la majorité des jeunes accueillis en LP. Le bac pro 3 ans provoque une déprofessionnalisation de la formation et une baisse de niveau, cela est d’ailleurs corroboré par la baisse des passages de Terminale bac pro en STS. Et ce n'est pas en augmentant systématiquement les capacités d'accueil que l'on améliorera les conditions d'étude des lycéens et les conditions de travail des professeurs. Les capacités qui sont parfois atteintes laissent craindre des classes surchargées en enseignement général. Enseignement pourtant primordial afin que les futurs salariés que nous formons soient armés pour progresser dans le monde du travail.

    Le bac pro 3 ans a également pour effet de recruter des élèves mineurs, ce qui n’est pas sans poser des problèmes pour la recherche des entreprises susceptibles de leur proposer des périodes de formation en milieu professionnel. De plus, les décrets du 11 octobre 2013 imposent aux entreprises de demander une dérogation pour accueillir des stagiaires mineurs, ce qui risque de diminuer très significativement leur nombre alors qu’il était déjà difficile pour nos élèves de trouver une entreprise d’accueil.

    Comment pourra-t-on décerner le diplôme si les élèves ne justifient pas de la durée légale des PFMP ? Des dérogations seront-elles systématiquement accordées ?

    Le SNUEP met en doute le caractère formateur de ces périodes en milieu professionnel et souhaite leur réduction. 40% du temps de formation (22 semaines) se fait en entreprise et il serait urgent de mener une étude sérieuse pour déterminer l’apport technique réel de ces passages répétés en entreprise pour les élèves.

    Le SNUEP-FSU demande un retour à un cycle de 4 ans pour le bac professionnel et des réouvertures de sections par voie scolaire, conditions nécessaires pour faire réussir tous les jeunes et élever le niveau de qualification.